Nomadisme : j’ai vécu une grossesse & un accouchement sur les routes du monde

Nomadisme : j’ai vécu une grossesse & un accouchement sur les routes du monde

Nomadisme : j’ai vécu une grossesse & un accouchement sur les routes du monde
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Je dois avouer que ceci est un tout nouvel exercice pour moi de parler d’un sujet aussi intime. Je n’ai quasiment rien partagé de ma grossesse ou mon accouchement sur les réseaux sociaux & toi qui me connais tu sais que je ne me sers pas de ma vie privée pour me promouvoir, il faut qu’il y ait un intérêt de transmission dans cela.

Et ici, les témoignages personnels sont inspirants & rassurants parfois aussi.

Alors je me lance dans ce nouvel opus où je vais partager avec toi, toute cette belle aventure de ma grossesse à mon accouchement sur les routes du monde.

Nous allons voir cela en 5 chapitres, un peu comme une histoire de l’avant à, le pendant & si c’était à refaire.

Pourquoi ne pas stopper le nomadisme le temps de ma grossesse ?

Tout d’abord je voudrais te dire que tout est possible & que ce n’est pas, car j’ai la chance d’avoir des grossesses simples & des accouchements comme une lettre à la poste. Bien au contraire. Je dois t’avouer que j’ai de gros problèmes gynécologiques avec des grossesses à risques & des accouchements pareils.

Toutes mes grossesses l’ont été, tous mes accouchements, moi, mes enfants, ont failli y laisser la vie, & spoil le dernier ne fût pas plus simple.

Mais ce que la route m’a appris c’est que oui, partout dans le monde il y a des hôpitaux aux standards « occidentaux » & que oui, partout dans le monde les gens se font soigner.

Mais également, qu’en France nous sommes loin d’avoir un des meilleurs systèmes de santé au monde comme nous le disons. Je ne blâme pas tous les soignants, mais l’état de la santé en France laissé à l’abandon par le politique.

Entre nous, j’étais prête même à accoucher partout dans le monde, mais surtout pas en France.

Pourquoi ? Car je fais partie de ces gens qui ont été choqués & blessés, même si je n’étais pas en France à ce moment-là, par la gestion de mon pays du Covid. Il était hors de question pour moi d’accoucher dans un pays qui m’imposerait peut-être un masque ou qui interdirait les membres de ma famille de venir nous voir.

Je vais même aller plus loin, de ma vie autour du monde & mes soins gynécologiques, je me suis rendu compte de la maltraitance gynécologique que nous avons en France. Sans parler que j’ai malheureusement subi beaucoup d’erreurs médicales qui ont fait que j’en suis à ne plus pouvoir accoucher naturellement & que j’ai des douleurs chroniques très fortes.

Du coup, s’arrêter en France n’a jamais été une option & même pire cela aurait été un stress énorme. Quand nous avons traversé la France alors que j’étais enceinte j’ai senti une émotion de panique. J’avais si peur d’avoir un problème & devoir aller à l’hôpital. Tu comprends du coup que ce n’était absolument pas l’endroit où je me sentais en sécurité pour un tel évènement.

Le choix du pays pour le suivi & l’accouchement

Revenons un peu en arrière, Dastane nous l’avons attendu durant 3 ans & c’est un petit miracle. Avec mes problèmes gynécologiques, la chance de retomber enceinte était très mince. Pour être honnête j’ai eu plusieurs fausses couches, beaucoup de larmes, de tristesse, mais aussi j’ai toujours garder ce sentiment qu’il manquait une personne à notre famille.

Durant ces 3 ans d’essais, même si je prône que tout est possible, du fait de la complexité pour moi d’une grossesse, du stress physique & psychologique que cela peut créer, je voulais quand même être des pays plus faciles où je me sente en confiance & où je pouvais parler la langue.

Ainsi nous sommes restés dans des pays connus entre le Maroc, l’Europe & la Turquie, c’est une zone que nous connaissons bien. Ne s’éloignant pas trop pour pouvoir revenir rapidement dans un de ces pays si enfin la magie s’opérait.

Nous avions aussi décidé d’une date où, nous arrêtions les essais, je ne voulais pas faire d’enfant après mes 40 ans. C’est arbitraire sans réelle justification, mais c’était aussi pour nous une date où nous arrêtions & reprenions le court de notre aventure nomade, sans nous interdire du coup de suivre les routes qui nous attiraient. Car nous voulions depuis un moment aller en péninsule arabique puis descendre en Afrique, ou repartir, mais par la route en Asie & faire tous les pays en Stan.

Et voilà, nous sommes en Turquie, nous demandons l’Ikamet qui est la résidence permanente pour au cas où. Et paf, je retombe enceinte, nous croisons les doigts, les mois passent, le bébé tient, toutes les semaines où j’ai pleuré, car c’était une nouvelle fausse couche passent & l’espoir grandi de semaines en semaines. Alors où vais-je accoucher ? Je pensais vraiment rester en Turquie, ils parlent anglais, Dimitri apprend le Turc, mais je déclenche un mal des montagnes, à partir de 700 m je suis très mal, je tombe dans les pommes, des maux de tête, je vomis encore plus. C’est un mal possible quand nous sommes enceintes & c’est une complication de grossesse. Une de plus. Or en Turquie tu es vraiment rapidement en altitude & je ne me voyais pas rester cantonnée à une ville durant toute ma grossesse.

Nous rentrons du rendez-vous dépités, car non, je me refuse d’accoucher en France & je ne veux pas accoucher en Europe non plus. Je voudrais accoucher dans un pays musulman, car malheureusement ils ont l’habitude des césariennes & les maitrisent très bien. Je commence à regarder les pays de la péninsule Arabique, mais sans sentir que c’était l’endroit où je voulais vivre cette expérience. Puis, le soir même je reçois une notification, le Maroc réouvre ses portes pour les non-vaccinés. Un signe ? En tout cas je le prends ainsi.

Dès le lendemain, je recherche la clinique où je pourrais faire mon suivi de grossesse & accoucher. Je choisis 3 zones, Rabbat, Marrakech & Agadir, des villes agréables à vivre. J’échange longuement avec les cliniques & mon choix se fixe sur Marrakech & une clinique qui prône les accouchements physiologiques où tu accouches dans l’eau. Même si je sais que cela ne sera pas pour moi. Je vérifie que les tarifs sont dans notre budget, car oui, l’accouchement ne fait pas partie des polices d’assurance de santé internationale & hop le choix est fait.

Je m’imagine déjà passer quasi toute ma grossesse sur Essaouira puis venir juste pour les derniers mois sur Marrakech, la date de terme étant en décembre. Aller c’est parti pour faire la route alors.

image de la formation

Le suivi de ma grossesse sur les routes du monde

Je fais un petit flash-back, le début de mon suivi se passe en Turquie. Un suivi incroyable, du fait de mes problèmes, de mes risques. J’ai un rendez-vous tous les 15 jours au départ, une vérification de ma progestérone que nous allons booster comme pour les FIV pour être sûrs qu’il accroche. Jamais on ne m’avait proposé cela, jamais on ne m’avait expliqué cela. Quand le placenta est bien attaché, je reprends un suivi normal d’un rendez-vous par mois.

Nous décidons comme pour Cassandre de garder le secret du sexe, cela amuse beaucoup à chaque fois les équipes médicales. Personnellement j’aime cette surprise-là.

Puis nous prévoyons de faire la route entre 2 rendez-vous entre la Turquie & le Maroc, nous arrivons un peu avant mon anniversaire, en juillet au Maroc, en même temps que tous les Marocains vivant à l’étranger qui reviennent au bled. Une chouette expérience.

Nous trouvons le camping au-dessous d’Essaouira où je voudrais rester le temps de ma grossesse, en face de l’océan, cela permet de ne pas avoir trop chaud. Idéal, parfait !

Le 26 juillet 2022, j’ai mon 1er rendez-vous avec le gynécologue de la clinique sur Marrakech. Nous prévoyons 1 semaine sur place pour ne pas me fatiguer de la route, or, les plans sont faits pour ne pas être suivis n’est-ce pas ?

Lors du rendez-vous, il écoute toute notre histoire, entend notre souhait très important que pour une fois je voudrais accoucher avec mon mari. J’ai beau avoir conscience que ce sera encore une césarienne & que cela complique, mais c’est important pour nous 2, nous aimerions découvrir ensemble & pas l’un après l’autre le sexe, je voudrais tenter d’avoir un accouchement un peu plus « normal ».

Je me retrouve avec un gynécologue très accessible qui me promet qu’il va tout faire pour m’alléger ce moment. Que nous allons contrôler tout cela, mais tenter d’allers le plus proches de la date de terme (alors qu’en France on m’aurait prévu une césarienne 3 semaines en avance). Par contre pour ne pas faire de maltraiter mon utérus qui a déjà cédé pour Cassandre, je ne dois absolument ne pas entrer en travail, donc nous ne prendrons aucun risque.

Je passe à l’échographie qui se passe presque assise & la, douche froide. L’utérus va mal, il y a un risque à n’importe quel moment de rupture utérine, je dois rester le plus proche possible de la clinique & au moindre saignement je dois venir en urgence. Je ne repartirai pas à Essaouira, je vais devoir vivre mon été à Marrakech. Et entre nous, quel été, entre 46 & 50 degrés, une expérience de dingue. Je suis ravie d’avoir cette climatisation que je ne voulais pas dans le bus.

Mais dans toute cette aventure je suis merveilleusement bien tombée, une équipe médicale qui est très proche, disponible H24. Je sympathise avec un chauffeur de taxi qui sera mon chauffeur privé, il a été extraordinaire. Le camping est aux petits soins, les mères de 2 employés me préparent mes repas pour « nourrir la maman & le bébé », j’ai la piscine pour me soulager.

J’ai des rendez-vous toutes les 3 semaines, qui peuvent venir plus souvent si j’ai la moindre douleur. La ligne directe du téléphone du gynécologue, il prend des nouvelles entre les rendez-vous.

Mes consultations me couteront 20 €, j’ai à chaque fois une échographie, une analyse urinaire, parfois sanguine.

Puis je déclanche, une symphyse pubienne en plus de tous mes soucis. C’est une douleur forte au niveau du pubis dû à l’élasticité. Je ne peux quasiment plus bouger, en théorie les femmes peuvent même finir leur grossesse en fauteuil roulant, ce qui n’est pas le plus optimum, car moins tu bouges, plus tu as la douleur. Je suis orientée vers un ostéopathe, les 2 spécialistes vont travailler ensemble dû à mes problèmes & pour ne faire prendre aucun risque ni au bébé ni à moi. Cela nous permet de gérer la douleur le plus naturellement possible.

Un suivi presque normal en étant entouré, mais actrice tout dû long. Car au 1er rendez-vous le gynécologue m’avait dit une chose surprenante, mais tellement belle, vraie, respectueuse « c’est vous qui êtes enceinte, vous saurez toujours mieux que moi ce qui se passe, votre intuition & connexion sont vraies, alors, c’est vous qui me guidez & me dites ce qui se passe & moi je suis à votre service ». Dingue, non ?

Le plan de naissance & l’accouchement au Maroc

Je suis à 6 semaines de mon accouchement, j’ai pleins de contractions j’ai un petit doute sur un faux travail, mon rendez-vous ne sera que le lendemain, je dois y faire d’ailleurs mon plan de naissance est-ce que j’attends ? Les contractions sont quand même très régulières & constantes. Je téléphone, je dois venir en urgence. J’arrive, l’équipe est déjà au courant, je suis mise sous monitoring, dès que le docteur arrive il me confirme que le travail à commencer, que ce n’est pas bon, qu’il va me faire une piqure pour tenter de stopper cela pour que Dastane puisse bien développer ses poumons & gagner quelques heures pour cela si nous le pouvons. Dastane est encore petit à l’échographie alors il faut lui donner toutes ses chances, mais, mon utérus ne résistera pas à un travail.

D’un premier abord, je n’ai pas compris ou pas voulu comprendre, je croyais que j’allais rentrer à la maison après. Dim, m’explique que non, j’aurai la césarienne tout bientôt. Je craque, encore un accouchement en urgence, encore un risque pour nous & encore un accouchement seule. Et voilà qu’arrive l’infirmière en chef que je devais voir le lendemain pour mon plan de naissance. Qui me demande comment je souhaite accoucher, qu’est ce que je veux pour le bébé quand il sort… Je lui dis tout entre 2 sanglots & des caresses de la part de Dimitri & d’elle-même. OK, tout sera respecté. Je comprends pas bien. Tout ?

Elle me confirme que Quentin & Cassandre seront transférés de la salle d’attente à ma chambre particulière (dis en passant c’est une vraie suite) & qu’ils auront une infirmière qui pourra répondre à tout leur besoin.

Le chirurgien revient, avec mon plan de naissance à la main, demande à une infirmière d’aller chercher une de ses propres tenus de bloc & d’habiller mon mari. J’ai les yeux écarquillés, rien n’est prévu & pourtant ils sont en train de préparer mon mari pour qu’il me rejoigne au bloc & on me descend.

Dim me rejoint rapidement, le bébé sort, Dimitri prend le bébé & me dit « c’est un garçon ». C’est tout simple, mais punaise on a vécu cela ensemble. Nous avons le corps à corps, la mise au sein tout de suite, Dastane pourra rester avec moi dans le lit & non dans son landau. C’est tout juste dingue on m’a écouté.

Dim a dû rentrer la nuit, Cassandre a voulu rester avec moi & son petit frère. Elle a eu le droit, elle a dormi avec nous.

Une infirmière venait me voir pour changer Dastane & me le redonnait pour dormir avec moi dans le lit. Il est né en avance, un petit poids, mais respectable, on ne nous embêtera pas plus. Il a des signes de prématurité comme les pieds tout lisses, le lobe de l’oreille qui est resté collé, mais tout va bien & comme je le nourris au sein, ils ont entièrement confiance en notre gestion du bébé.

Franchement, tout cela n’aurait pas été permis en France.

J’ai le choix de rester jusqu’à 1 semaine ou sortir 2 jours après avec des soins à domicile. Je rentre 2 jours après au bus, je suis accueillie au camping comme un membre de la famille, avec des cris, des danses & une haie d’honneur, tout le monde était tellement & sincèrement heureux de nous retrouver & nous accueillir. J’ai eu encore durant des semaines mon petit couscous du vendredi pour nourrir la maman & le bébé 😉

Puis je finis mes soins à l’hôpital pour ma cicatrice & la vérification 6 semaines après.

Le rendez-vous avec la pédiatre m’aura couté 30 €, mon accouchement par césarienne en urgence, 1600 €.

Et si c’était à refaire ?

Ben je crois que tu as compris que si c’était à refaire, je referais pareil. Accouchées dans un pays musulman où les enfants sont des trésors, les mères précieuses m’a offert une bulle de douceur. J’étais venue pour le côté sanitaire, on va dire & j’ai eu le côté émotionnel très fort.

Alors oui, jamais je n’aurai eu la chance d’accoucher naturellement à cause entre autres d’erreurs médicales & je te mentirais si je te disais que cela ne sera pas un de mes plus grands regrets dans ma vie. Moi qui vis une vie si naturelle.

Mais la Turquie m’a ouvert la possibilité de mener à bien une grossesse en ne me disant pas qu’une fausse couche c’est une fatalité, mais en prenant en compte mes problèmes gynécologiques & mettant toutes les chances de mon côté.

Le Maroc aura continué dans la même lignée en me montrant que malgré tout mes problèmes, je suis actrice & je décide d’un max de choses, car je suis la mère, car je suis celle qui porte & que je sais mieux que personne. Et de toutes ces particularités, j’ai eu l’accouchement le plus idéal que je pouvais espérer.

Voilà, quelle aventure, tout cela pour te dire, que tu dois t’écouter, suivre tes envies. Que tu seras toujours en meilleure sécurité avec toi au centre de tes décisions. N’ai pas peur de vivre des expériences à l’étranger même sur le point de la santé, même sans avoir une relation de 18 ans avec un spécialiste. Je n’ai jamais trouvé plus d’humanité que dans les pays qui ont la vie moins facile qu’en France. Alors, vis la vie que tu veux mener & non celle que les autres veulent que tu vives. Fais-toi confiance, tu sais déjà quasiment tout ce qui est bon pour toi, ta famille.

Je te remercie de m’avoir écouter, si cet opus t’a plu, permets lui de rayonner & venir à des oreilles qui en auraient besoin. N’hésite pas à revenir vers moi, par mail, Instagram ou la confrérie nomade pour me donner ton avis. Ton opinion est précieuse pour moi, c’est un cadeau que tu m’offres.

Je te dis à la semaine prochaine & en attendant n’oublie pas de kiffer ton nomadisme.